Les pyrénées ariégeoises. Crédits Photo Bruno Janneau.
Sommaire
Contexte
Tout au long de l’année, fleurissent dans les couloirs du métro des panneaux vous incitant à partir au vert, pour quelques jours ou pour la vie. Les organes de communication des territoires rivalisent d’ingéniosité ou de consensualité, c’est selon, pour attirer votre oeil et vous vendre le vert : une escapade « à deux heures de Paris » et quelques jeux de mots douteux plus tard, on choisit plutôt de se replonger dans l’intensité du moment, et foncer vers cette pénible correspondance.
Et si au lieu de se faire matrixer par ces publicités on tournait la tête de quelques degrés et on regardait le panneau de destination du train de nuit affiché gare d’Austerlitz ? Alors certes, le message publicitaire est plus subtil à percevoir, mais quelques lettres sur une représentation graphique de la ligne Paris – Latour- de-Carol devraient suffire à éveiller notre curiosité : Ax-les-Thermes, et « Intercités de Nuit ». C’est le voyage qui vous est proposé dans cet article… en train direction les montagnes !
Un quai, à la gare d’Austerlitz. Crédits Photo : Bruno Janneau
Paris-Austerlitz, Saint-Lazare, Bercy… ces gares sans TGV
Les gares parisiennes ont un charme indéniable, c’est un fait. Gare de Lyon, Gare du Nord, Gare Montparn… – hum non pas Montparnasse – ont ceci d’accorder parfaitement un aspect patrimonial extraordinaire, et d’avoir su monter dans le train de la modernité, accueillant les voyageurs pressés du TGV. À Saint-Lazare, et encore plus à Austerlitz, l’aspect patrimonial est bien là : façades superbes, restauration en cours à Austerlitz… mais pas de TGV. Ici, la gare vit au rythme des trains d’équilibre du territoire et des TER… et des trains de nuit.
Austerlitz, c’est d’ailleurs le point de départ de cette escapade direction les Pyrénées donc, par le train de nuit. La gare se refait une beauté : les inélégants bâtiments intérieurs sont détruits pour faire vraisemblablement place à des espaces aérés qui donneront envie de lever la tête sur la superbe verrière. Autre particularité d’Austerlitz, le viaduc du métro qui transperce littéralement l’espace. Il sera lui aussi mis en avant dans le projet de restauration de l’ensemble. De quoi patienter dans d’agréables conditions.
Assez parlé de gare… place au voyage et à l’expérience du train de nuit à la française.
Des aménagements qui questionnent… et leur financement aussi
Vous souvenez-vous de cette époque ou le Gouvernement, dans le cadre du Plan de Relance, envoyait de la moulaga open bar pour relancer les trains de nuits ? Les associations jubilaient, les voyageurs aussi, Jean Castex en chef de bord annonçait avec une certaine fierté l’inauguration du nouvel aménagement des voitures du train de nuit : un rafraîchissement global, de nouvelles literies, de meilleurs équipements… et c’est vrai, ces nouveaux aménagements modernisent ce formidable outil qu’est le train de nuit. Mais ces wagons, déjà vétustes, ne sont qu’un pansement provisoire sur un dispositif qui mériterait mieux… financements et capacité de production de nouvelles voitures.
Mais l’argent promis pour restaurer les voitures-lits se serait-il aiguillé par erreur sur la voie de garage des budgets publics de cette relance du train de nuit ? C’est que nous vous proposons d’étayer avec ce test grandeur nature du train de nuit pour ce Paris – Ax-les-Thermes : rien n’a changé. Les voitures actuelles ne sont pas encore toutes rénovées, on plonge donc pour ce voyage dans un univers au charme suranné. Mais les progrès sont là et les voitures rénovées sont d’une bien meilleure qualité perçue.
Par ailleurs, dans le cadre du projet de loi de finances 2025, le Gouvernement a annoncé le 18 février 2025 l’engagement des crédits pour une commande de 180 voitures. Cela semble important, mais il ne faut pas oublier que le Rapport du Gouvernement concernant les Trains d’Equilibre du Territoire en date de mai 2021 préconise l’acquisition de 600 nouvelles voitures pour couvrir les besoins et ambitions.
S’endormir à Paris, se réveiller avec émerveillement face aux montagnes, dans les montagnes
C’est l’expression la plus fascinante et émouvante de ce trajet en train de nuit. Partir de Paris, son tumulte, ses banlieues interminables… et de réveiller au lever du soleil, face à la montagne. Passé Toulouse, la ligne s’engage toujours plein sud. Dès la ville de Foix franchie, les contreforts de Pyrénées se font ressentir : le paysage évolue, des cimes apparaissent au loin, le convoi réduit sa vitesse, les villes se font villages… et vous dégustez votre café à la fenêtre, votre esprit encore hésitant à croire ce que vous voyez. C’est assurément l’un des plus beaux moments, l’un des plus agréables.
La suite, c’est l’arrivée à Ax-les-Thermes. Et il semble qu’on ne soit pas les seuls à se rendre ici. Moult badauds débarquent et s’enfuient rapidement de cette petite gare située à l’entrée sud de la ville. En marchant, direction le centre-ville, ou bien direct pour prendre le télécabine direction le plateau et la station Ax-3-Domaines.
Ax-les-Thermes possède d’innombrables atouts. J’apprécie cette commune car elle dispose d’infrastructures idéales pour une vie au vert tout en étant connectée : des thermes, une rivière très agréable, des randonnées accessibles depuis le centre ou depuis la station 500 mètres plus haut, des trains réguliers de jour et la nuit… je la trouve terriblement sous-cotée. Ceci dit, son embellissement est en cours et ce territoire semble prendre à son compte l’évolution inéluctable du climat, avec le développement d’activités de tourisme quatre saisons.
Contreforts des Pyrénées au petit matin. Crédits Photo : Bruno Janneau
Entrée dans Ax-les-Thermes. Crédits Photo : Bruno Janneau
L’expérience d’une vie ou d’un week-end
À mon sens, l’atout principal d’Ax-les-Thermes, c’est de pouvoir tout y faire en transport public : train, télécabine, bus locaux. Ces atouts permettent d’envisager une vie au vert ou bien un moment de loisirs. C’est reposant, on y économise une nuit d’hébergement, si bien que ce schéma fonctionne sur un week-end. Voici nos conseils :
• Départ le vendredi soir de Paris, arrivée samedi matin à Ax-les-Thermes
• Balades samedi et dimanche, logement à la station ou en refuge, pause goûter à la Bergerie si ouverte, l’excellent chalet-goûter situé sur le domaine
• Redescente le dimanche midi, après-midi aux thermes d’Ax-les-Thermes, un repos bien mérité après deux jours de grimpette
• Avant de reprendre le train, une dernière pause gourmande à l’excellente table Le Terminus qui fait face à la gare.
• Départ dimanche soir, arrivée lundi matin à Paris, direction les bureaux et l’open space qui ne vous aura pas manqué.
Au sommet, à la Bergerie. Crédits Photo : Bruno Janneau
La pause bien méritée. Crédits Photo : Bruno Janneau
Majestueuses Pyrénées. Crédits Photo : Bruno Janneau
Infos pratiques
Ce projet est réalisable toute l’année, accessible pour des balades entre amis ou en famille. Le train de nuit propose de nombreuses options visant à convenir au plus grand nombre : des voitures dédiées aux femmes, la possibilité de réserver un compartiment en entier, un service petit-déjeuner le matin… il n’y a plus qu’à se faire plaisir.
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