Article rédigé par le Ouatee Maxime Kerdraon
La gare de Perpignan Crédit Photos Ariane WALCK
Sommaire
- Ambiance
- Informations pratiques
Ambiance
Je me plonge dans un article du journal Le Monde, débat d’idées sur la légitimité d’un état d’urgence sanitaire, c’est passionnant mais pas autant que les gens qui partagent mon trajet jusqu’ à Toulouse
Curieux mélange, regards méfiants ou interrogateurs, sourires masqués, à quoi joue t’on ?
Une vilaine altercation éclate entre le jeune homme et la dame assis à côté de moi, pour une histoire de place numérotée ; on s’en fout mais cette anecdote traduit tout le malaise de notre société du moment ; enfin ils se calment, je les ignore et me laisse transporter par de beaux paysages qui défilent à la vitesse du train
Toulouse, je descends, la gare est bondée de voyageurs abandonnés, suspendus aux panneaux lumineux qui annoncent des retards sur toutes les destinations ; moi, aussi prise de court, je décide de changer de train et de monter dans un TER direct pour Perpignan, beaucoup d’autres ont fait de même et les sièges sont tous occupés par des vacanciers déjà épuisés avant d’atteindre leur lieu de villégiature ! Nous attendons le départ mais rien ne se passe ! Soudain, un message strident nous informe que le TER a des difficultés pour démarrer, c’est digne d’un vaudeville de Feydeau, surtout lorsqu’un contrôleur, le képi de guingois, grimpe dans le wagon in extremis à la manière de Josh Randall au moment où nous partons enfin.
Castelnaudary, Carcassonne, Narbonne, Salses, Rivesaltes, les accents méditerranéens, cathares et catalans raisonnent dans ma tête, et me bercent malgré ma station debout, coincée entre mon énorme sac à dos , mes deux voisines de 17 ans rigolotes et décontractées et un artiste (ou pas) qui dessine des portraits (j’ai regardé au dessus de son épaule, oui je suis curieuse mais d’une saine curiosité ) ; le temps est gris et bas, c’est rare par ici mais ça arrive, c’est ce qui donne des allures mystérieuses aux gares traversées
A cet endroit du voyage, le chemin de fer longe de si près l’eau qu’on a l’impression que rien d’autre n’existe autour de nous que la mer, le train, le ciel ; moments magiques qui nourrissent les esprits imaginatifs : y en a-t-il encore ?
Centro Del mundo, la gare de Perpignan désignée ainsi par Dali (centre cosmique de l’univers pour le peintre : c’est pas rien!) , ce soir, n’a rien à voir avec son qualificatif ! Déserte et lugubre à 18H30, pourtant avant le changement d’heure ! Quelques individus sur le quai attendent comme moi le dernier train pour les stations balnéaires de la côte vermeille, qui n’arrive toujours pas ; incident de personne, l’annonce faite est sans appel : la ligne est coupée !
Enfin, j’atteins mon but, la méditerranée, sauvée par un chauffeur de bus empathique qui me laisse faire les derniers kilomètres gratuitement jusqu’à l’arrêt « Christ », tout un symbole ! Séparé de quelques mètres à pieds de ma petite maison.
Vous pensez que cette journée a été la pire de ma vie; à la lecture de ce qui précède, il serait facile de conclure ainsi car beaucoup de voyageurs pensent que pour aller d’un point A à un point B, la ligne droite sans embûches est la solution la plus rationnelle.
Alors détrompez-vous : à l’inverse, combien de vies ai-je vécues en quelques heures, combien d’histoires personnelles ai-je pu imaginer, combien de sentiments, d’émotions ai-je ressenties, de réflexions ai-je menées ?
Un petit condensé d’humanité dans un espace clos, j’en ressors pleinement heureuse, l’esprit libre, avide d’autres expériences, longtemps bercée encore par les bruits assourdissants et chaleureux du train.
Informations pratiques
Toulouse Narbonne : Intercités
Narbonne Perpignan : TER OCCITANIE
Perpignan Argeles sur mer : TER OCCTANIE
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