Article rédigé par le Ouatee Bruno Janneau
Crédits Photo : Bruno Janneau
Sommaire
Préambule
J’adore voyager en train dans les montagnes, pour une raison en particulier : l’ingéniosité. Le train, ça a plein de qualités, mais ça a aussi des contraintes : rampes, rayons de courbures notamment. Alors, en plaine ça va. Mais dans les reliefs, j’admire particulièrement les concepteurs de ces voies qui tortillent, qui s’échappent dans la roche, qui franchissent de tumultueux cours d’eau, qui rivalisent d’inventivité pour se frayer un chemin, et qui parfois créent des gares dans des endroits improbables.
Voyager en train dans ces reliefs escarpés invite à prendre le temps, à observer, contempler, découvrir. C’est ce que je vais vous raconter dans ce journal aller-retour d’un voyage en Norvège d’Oslo à Bergen, au mois d’août.
Reliefs vus du train Crédits Photo : Bruno Janneau
Oslo
La gare centrale d’Oslo est celle d’une capitale : les commuters pressés y côtoient des voyageurs un peu moins stressés, dans un flux continu et presque élégant : on s’y croise, on anticipe délicatement les potentiels changements de trajectoires d’autrui, on se faufile. Les espaces commerciaux sont les mêmes que ceux de n’importe quelle grande gare. L’atmosphère est loin de tout ce que la Norvège nous renvoie lorsqu’on l’évoque. Pour rejoindre les quais, on emprunte des tunnels d’accès qui feraient pâlir quelques films de SF : on descend littéralement rejoindre son vaisseau grâce à un long couloir blanc, vaisseau sur rails qui surgira lui-même du tunnel ferroviaire sous Oslo inauguré en 1980.
Sur le quai ce jour d’août 2024, le « Bergensbanen » nous attend. Côtoyant les RER locaux qui ne s’attardent pas sur les quais, ce train est composé d’une grosse locomotive électrique et de voitures à la couleur verte élégante, sur lesquelles est apposée fièrement la marque « Bergensbanen ». Une véritable invitation au voyage, de jour pour cette fois.
À bord de ce train, beaucoup de locaux, et beaucoup de touristes aussi. Si les voitures de ce train se distinguent à l’extérieur, c’est beaucoup plus sobre à l’intérieur. Le principal, c’est d’avoir accès à une vitre, il va y avoir du spectacle. Il y a tout de même un wagon bar, et les sièges sont plutôt confortables. C’est parti.
La gare d’Oslo Crédits Photo : Bruno Janneau
L’élégant Bergensbanen Crédits Photo : Bruno Janneau
Une vaillante ascension
En piste, direction Finse, la gare la plus haut perchée du pays, à plus de 1200 mètres d’altitude. Pour y parvenir, notre train soir d’abord s’extirper d’Oslo et de ses interminables banlieues. La place est rare entre les fjords et les montagnes, la ville s’est donc construite autour du littoral, s’étendant assez loin du centre-ville.
Puis, on se retrouve assez rapidement dans les terres. Mais ici, l’eau n’est jamais loin. D’une part, la ligne longe sur des dizaines de kilomètres une rivière, le Hallingalselve. D’autre part, il pleut beaucoup quand même. Considérons que cela fait partie du paysage.
À mesure que le train progresse dans sa lente ascension, les collines deviennent montagnes, et nous rejoignons le lac Krøderen. L’ambiance se fait ténébreuse, grave, le contexte géographique est impressionnant. Les gares arborent une esthétique particulière : des petites bâtisses au bord du quai, en bois évidemment, et revêtues d’une couleur jaune. C’est pimpant.
L’ascension se poursuit, et la ligne se fraye un chemin du mieux qu’elle peut dans cet environnement qui joue quelque peu l’hostilité. Ce trait de vie entre Oslo et Bergen emprunte alors de nombreux tunnels, et même des voies extérieures recouvertes. Après renseignements, il s’agit de protéger la voie et le convoi de la météo particulièrement capricieuse. Bon ça obstrue la vue aussi. Mais chaque retour à la lumière est l’occasion d’un spectacle unique, extraordinaire. On a finalement pas si envie que ça d’arriver à destination, tant il est agréable de contempler ces éléments naturels.
Mais force est de constater que Finse se présente à nous. Plus haute gare du pays, Finse est aussi un regroupement de maisons. Pas un village. Un regroupement de maisons. La halte et le regroupement de maisons bordent le Finsevatnet, un immense lac c’altigude, lui-même à l’aplomb du glacier du coin. C’est aussi notre terminus provisoire.
Le fait marquant suivant, c’est Myrdale. Myrdale, c’est le pôle multimodal du coin, la ligne de Bergen à Oslo y côtoie celle de Myrdale à Flåm. C’est un spectacle en soi, y compris la ligne de Myrdal à Flåm qui doit composer avec un relief particulièrement escarpé. La ligne ressemble à un plat de spaghetti.
Le lac de Kroderer Crédits Photo : Bruno Janneau
Finse et ses maisons Crédits Photo : Bruno Janneau
La nuit, de Bergen à Oslo
Le voyage entre Oslo et Bergen est suffisamment long pour qu’un train de nuit existe entre ces deux villes. Et quel train. Accueil, embarquement, cabines, c’est quasi-parfait.
En arrivant à la gare, le personnel vous remet une clé magnétique, qui donne accès à une cabine composée de deux lits superposés, un petit lavabo et un nécessaire de toilette. Une petite chambre d’hôtel en somme, très confortable. Si confortable qu’il suffit de fermer puis de rouvrir les yeux pour se rendre compte que nous sommes arrivés à Oslo.
Le confort en cabine Crédits Photo : Bruno Janneau
Epilogue
De jour comme de nuit, ce voyage entre Oslo et Bergen ravira celles et ceux qui souhaitent un moment de dépaysement complet, combiner des sauts de puce en train et de longues randonnées en extérieur, dormir confortablement, contempler de somptueux paysages. Ayant eu l’occasion de réaliser ce trajet en hiver lors d’une précédente incursion en Norvège, c’est aussi tout à fait recommandable. Bon voyage !
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